Mon intervention à Innoclimat 2021

Quels engagements politiques pour le climat en Suisse ?

Quand on démarre sur le sujet "quels engagements politiques pour le climat", on sait que le débat risque d'être long et difficile voir conflictuel. En effet, une action ou un engagement politique c'est chercher ou provoquer le changement, et on sait que l'être humain n'aime pas le changement, surtout lorsqu'on l'accuse et qu'il doit adapter son comportement.
Ce constat fait, il n'est pas temps de désespérer et il s'agit d'attaquer le problème avec un classique: constat-moyens à disposition-proposition d'engagement.

Constat

Si l'on se focalise sur le climat, la très grande majorité s'accorde sur le fait que la quantité de gaz à effets de serre est notre problème, et que l'homme n'a pas son pareil pour en éjecter dans l'atmosphère via, par exemple, l'utilisation d'énergies fossiles. Pas d'autre moyen donc que de diminuer drastiquement la production de gaz à effets de serre pour arriver au moins à un équilibre. D'où la notion d'objectifs de réduction que tout le monde connaît. Les objectifs c'est bien mais faut-il encore se donner les moyens d'y arriver.

Moyens à disposition

Interdictions, contraintes et moralisation

Avec de tels moyens, nous sommes à peu près sûr de ne pas faire adhérer la majorité de la population et c'est la porte ouverte aux gilets jaunes et défaites populaires. La moralisation a été utilisée avec un certain succès dans l'affaire du COVID mais c'était un danger dont l'imminence était plus perceptible que le changement du climat et on peut constater qu'on arrive au bout de l'utilisation de ce système vu les tensions dans la société.
Pour l'interdiction, certaines sont possibles ou souhaitable, comme l'interdiction de poser des chauffages électriques dans les nouvelles habitations (on pourrait aller encore plus loin), mais il faut en user avec parcimonie.

Internaliser les coûts

Un des facteurs importants qui freine l’innovation et la transition sont les coûts externes. En effet l’importance de ces coûts externes favorise par trop les énergies fossiles vu que ce n’est pas l’émetteur qui paie mais bien la société. Dans les faits l’énergie fossiles est plus couteuse que l’énergie renouvelable. Vous me direz que nous avons échouez dans notre dernière tentative d’internaliser les coûts via la loi CO2. En effet, chez nous une solution doit être acceptée par la majorité, nous devons donc retourner au travail pour trouver une solution majoritaire et faire comprendre à chacun que nous ne pourrons bientôt plus supporter les coûts externes des énergies fossiles, rien qu’en regardant les dégâts des intempéries.
Nous avons perdu la notion de pollueur payeur, en tout cas pour l'instant, nous devrons pourtant inciter les gens à adopter un comportement plus respectueux du climat et de l'environnement.

Investire

Nous savons que la transition énergétique est essentielle, pas d’objectifs atteints sans énergies renouvelables. Beaucoup de technologies sont déjà réaliser pour réaliser cela, nous avons donc les moyens d’aller de l’avant. Il faut pour cela investir de manière massive, déjà pour que les bâtiments publics soient exemplaires, et pour inciter les privés à poser des panneaux solaires, à rénover leurs bâtiments ou à passer à des modes de transports respectueux. Nous devons continuer à simplifier les procédures et à réduire les délais d’autorisation pour les travaux de production d'énergie ou de rénovation.

Innover

Nous avons des moyens existants mais nous devons être inventif. L’innovation fait partie de la solution et nous devons maintenir un cadre propice à cette dernière. Nous devons continuer à soutenir notre système de formation à tous les niveaux pour avoir des gens formés et entreprenants et nous devons soutenir l’innovation financièrement.

Collaborer

Il est évident que nous ne pouvons agir seul mais il ne faut pas tomber dans le réflexe : « mon voisin n’en fait pas assez donc je ne fais rien ! ». Que ce soit dans le réseau électrique, dans l’établissement de standards de production, de standards financiers ou autre, nous avons besoin de collaboration. Les difficultés de nos relations européennes sont un mauvais signal pour la formation et l’innovation, mais aussi pour le climat, nous devons reprendre le chemin de la collaboration et des échanges.

Nous devons donner envie, convaincre plus que contraindre et nous mettre sur le chemin d’une évolution ambitieuse sans tomber dans le piège des révolutions.

Donc pour moi l'engagement politique c’est :
  • Un minimum d'interdictions
  • Des investissements sous forme d'incitations
  • Poser le cadre d'une internalisation des coûts externes
  • Pousser au développement des énergies renouvelables
  • Soutenir l'innovation
  • Renforcer la collaboration internationale

Mais c'est aussi prendre mon bâton de pèlerin pour explique à chacun que la transition énergétique, ou se préoccuper des ressources et du climat c’est :

  • Relever des défis passionnants
  • Développer une économie performante
  • Une chance pour l'innovation

ce n'est pas:

  • une perte de confort
  • une épreuve insurmontable
  • une lubie inutile.

mais que ne rien faire revient à rendre notre planète invivable pour nos descendants et cela c'est une idée insupportable.
Nous devons donner envie, convaincre plus que contraindre et nous mettre sur le chemin d’une évolution ambitieuse sans tomber dans le piège des révolutions.

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