Plus de sécurité grâce à plus de coopération avec l'Europe

Opinion du 29 mars, Le Temps

L'horreur absolue qui se déroule à l'est de l'Europe me laisse consterné et sous le choc. Des bataillons forcent les portes des villes et tuent des civils, des chars écrasent les champs de blé du grenier de l’Europe, des images que l’on croyait d’un autre temps. L’impact sur notre sécurité, sur notre économie, sur notre collaboration avec nos voisins est important.
Le privilège de notre situation géographique au cœur de l'Europe ne doit pas nous amener à tirer de fausses conclusions. L'image d'une armée qui défend le pays de manière autonome ne correspond plus à la réalité, c’est un rêve pieux qui disparaît avec le niveau technologique et les forces en présence. Une participation accrue à l'architecture européenne de sécurité est nécessaire.
Depuis longtemps, nous profitons indirectement du parapluie protecteur de nos voisins et de l'OTAN. Imaginons un instant que l'on se trouve devant une carte et que l'on échange la position géographique de la Suisse avec celle de l'Estonie. Serions-nous en train de tergiverser sur notre défense aérienne ? Il faut cesser de s’abriter furtivement sous ce parapluie, nous avons les moyens et le devoir d’apporter notre pierre à l’édifice sécuritaire européen dans le respect de notre neutralité.
La Suisse est un pays pacifique sans ambitions de puissance politique. Notre neutralité fait partie de notre ADN et de notre conception de la politique internationale. Nous devons la conserver en la réinterprétant, refuser une violation éhontée du droit international n’est pas un abandon de notre neutralité. Notre politique de sécurité doit être moderne, efficace, elle doit couvrir l'ensemble des risques, y compris les risques dus aux changements climatiques, et elle doit rester agile et réactive. Les vert'libéraux ont toujours œuvré pour une approche globale et systémique qui doit permettre de préparer notre pays et notre population à surmonter les crises, il faut prendre cette direction.
L’armée fait partie de notre système de sécurité, comme outil de dissuasion mais aussi comme ultime recours si tous nos moyens pacifiques ont échoué pour préserver notre sécurité physique. Tout comme l'économie et la société, la défense fonctionne aujourd'hui en réseau en raison de l'évolution technologique. Des coopérations sont nécessaires avec les pays dont nous partageons des valeurs centrales telles que la démocratie, les droits de l'homme et la liberté. Par conséquent, l'achat de nouveaux avions de combat doit également être considéré comme une contribution de la Suisse à la sécurité de l'Europe.
C'est d'ailleurs ce que souligne le message sur l'armée 2022 publié récemment : une crise sécuritaire en Europe ne peut être que globale, et si une telle crise se produisait, on pourrait aussi attendre de la Suisse qu'elle contribue à la sécurité du continent. Les nouveaux avions de combat peuvent apporter une contribution importante à la sécurité en Europe dans le cadre d'une coopération. La décision de principe a été prise par le peuple en 2020.

Le temps est venu d'un nouveau départ européen, aussi pour notre sécurité.

Le renseignement, l'information et l'analyse sont le carburant de la politique de sécurité. Collaborer dans le renseignement c’est s’assurer que nous participons à la construction d’une intelligence collective assurant une analyse efficace. Être aveugle, sourd ou incapable d’analyser ne peut nous conduire que dans le mur et signer l’échec cuisant de notre politique de sécurité.
La guerre de la Russie contre l'Ukraine le montre en outre clairement : notre dépendance vis-à-vis du pétrole, du gaz et de l'uranium russes est une menace pour la politique de sécurité. Nous devrions enfin envisager notre politique énergétique sous cet angle et faire en sorte que notre approvisionnement en énergie soit plus résilient et indépendant des despotes. Il faut investir dans nos infrastructures et avec l'Europe. Concrètement, il faut développer rapidement les énergies renouvelables et conclure un accord sur l'électricité avec l'Union européenne.
Nous le voyons, la coopération, qu’elle soit au niveau militaire, renseignement, énergétique ou économique est essentielle. Il est temps d’augmenter la collaboration pour plus d'information, pour plus de sécurité, pour plus de résilience et pour plus d'efficacité.
Le temps est venu d'un nouveau départ européen, aussi pour notre sécurité.

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