Alors que la grève est fréquente chez nos voisins et semble devenir un outil de pression au bout du lac, nous devrions nous réjouir des qualités du «modèle suisse»: un célèbre fabricant de macarons français, installé en Gruyère, met en congé pour un mois ses employés en raison d’une surproduction.

Avec l’accord des employés, une formule a été trouvée pour faire face à cette situation: l’employeur paiera une semaine de vacances «forcées» et les employés compenseront le solde par une augmentation du temps de travail de 30 minutes par jour en 2015. On imagine sans mal le tollé qu’une telle disposition aurait provoqué en France et l’indignation des syndicats tout heureux d’en profiter.

Voilà, à mon avis, un bel exemple d’un modèle économique à préserver et améliorer: le partenariat social est un des secrets de l’attrait de notre pays pour les entreprises. Le dialogue employeur-employés est une vertu que d’aucuns souhaiteraient voir disparaître tant elle contredit l’idée, encore fortement ancrée à gauche, que les patrons – affreux profiteurs – se trouvent être les bourreaux des employés – tous opprimés.

«Le partenariat social est un des secrets de l’attrait de notre pays pour les entreprises»

La réaction, à ce titre, du représentant local du syndicat Unia est symptomatique. Plutôt que de se réjouir d’une telle solution garantissant l’emploi et la pérennité de l’entreprise, il affirme que les employés n’avaient pas le choix, soumis qu’ils étaient à de fortes pressions. Si la lutte des classes reste pour certains le seul modèle de société, la recherche de la paix du travail dérange, forcément.

L’heureuse solution appliquée à Enney (FR) ne donnera pas l’occasion d’assister à l’un de ces stériles combats idéologiques qui voit monter au front des syndicalistes vindicatifs et donneurs de leçons de gestion entrepreneuriale. Piquet de grève, conférence de presse avec quelques manifestants outragés, séquestration des cadres pour obtenir le paiement du salaire sans compensation et célébration d’une nouvelle victoire sur le capitalisme.

Sauf que, le résultat, après cette «victoire» pourrait conduire la maison mère à renoncer à son implantation en terre fribourgeoise et pousser d’autres entreprises à éviter notre pays. Sans effet sur les contrats de travail des syndicalistes victorieux!

C’est une lapalissade que de le dire, mais la bonne santé des entreprises est bénéfique pour leurs employés dont le travail sérieux est une condition nécessaire à la réussite d’une entreprise. Jouer la partition de l’opposition entre les uns et les autres est une musique d’un autre siècle.

Comme Vert’libéral, je ne peux que me féliciter de voir des employés et des employeurs aborder une situation de crise sans dogmatisme, conscients que l’avenir de l’entreprise et sa pérennité dépendent aussi d’un renoncement momentané. Comme l’avaient fait, à l’époque, les entreprises et les horlogers de l’arc jurassien.

24Heures, 04.12.2014